Au terme d’un procès de trois jours devant la cour d’assises du Nord, un Lillois de 57 ans jugé pour une rixe mortelle dans la nuit du 30 au 31 mars 2014, derrière l’église de Wazemmes à Lille, a été acquitté. Le délibéré a duré à peine deux heures.
Il aura suffi de quarante minutes de plaidoirie à Me Mathilde François pour convaincre les jurés de ce que le dossier examiné depuis mercredi matin par la cour d’assises du Nord, contenait trop de doutes, pour pouvoir condamner Mostafa E. L’avocate s’appuie notamment sur les expertises médicales qui ont avancé des hypothèses mais aucune certitude, sur les causes de la mort de la victime. Elle sera tout aussi convaincante en affirmant que la version donnée par l’accusé est crédible :
« Il a raconté toute la rixe spontanément aux policiers. Or s’il n’avait rien dit, il n’y a aucun moyen de savoir ce qui s’est passé et surtout qu’il est impliqué ».
Mostafa E., 57 ans, était jugé pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Dans la nuit du 30 au 31 mars 2014, Abderrahim Zibar, 47 ans, qu’il connaissait de vue, était venu le trouver alors qu’il dînait à l’Aspendos, un kebab près de la place de la Nouvelle-Aventure
« Il est arrivé, Il m’a dit " Toi je te frappe » ». . Les deux hommes étaient sortis et s’étaient battus.
Pendant trois jours, la présidente Brigitte Van Boxsom s’est appuyée sur cette altercation pour tenter de reconstituer la seconde rixe qui s’est déroulée sans témoins, vingt minutes plus tard, derrière l’église Saint-Pierre Saint Paul.Abderrahim Zibar sera découvert inanimé. Il est emmené au CHRU de Lille dans un état critique. Il meurt à 23h d’un arrêt cardio-respiratoire : il s’est asphyxié en régurgitant.
Six ans de prison étaient requis
Ce vendredi matin, l’avocate générale Ambre Janssens a requis six ans d’emprisonnement contre Mostafa E. Elle le considère coupable : « Cette nuit-là, il a fait le mauvais choix en portant des coups violents au visage qui auraient fait tomber dans le coma n’importe qui. S’il n’a pas voulu la mort d’Abderrahim Zibar, il l’a causée. Ce n’est pas un accident. ». En partie civile, Me Pierre Vandenbussche était allé plus loin : « Ce n’était pas une bagarre mais un déchaînement unilatéral de violence. » Pour Me Karine Hoste qui porte la voix des enfants de la victime : « L’accusé nous raconte une histoire où leur père est décrit comme alcoolique et violent. Ce n’est pas sérieux et c’est extrêmement blessant. M. Zibar n’était pas agressif. C’était un homme, extrêmement bon et cultivé ».
Après sept ans d’attente, trois jours de procès et deux heures de délibéré, Mostafa E. a été acquitté. Le parquet général a dix jours pour faire appel.
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